Comment Twitter me fait détester Twitter

J’aime beaucoup Twitter. Sa spontanéité, sa rapidité, la capacité qu’il a à vous mettre en relation immédiatement avec les gens qui vous intéressent. J’en suis un des premiers utilisateurs en France, puisque mon compte date de 2006. Et au début, je vous l’avoue, je n’en comprenais pas vraiment bien l’utilité… il m’a fallu au moins 3 ans pour me rendre compte de sa portée et de sa puissance… qui fait que j’ai fini par m’impliquer de plus en plus dans mon compte jusqu’à atteindre 15k followers… pas énorme en soi, mais pas anodin non plus.

Mais depuis quelques mois, je sens de plus en plus une sorte de nocivité à l’utiliser.

Est-ce quelque chose qui existait déjà auparavant et que je n’avais pas remarqué ? Ou bien est-ce que l’ambiance s’y est tendue démesurément jusqu’à devenir invivable, irrespirable, voire, comme je le disais encore auparavant, carrément délétère ?

Non pas que les gens que je suis et que je connais aient vraiment changé… la plupart des comptes auxquels je me suis abonné sont des comptes de pro, plutôt passionnés par leur métier, et heureux de partager leurs connaissances et leurs expériences. Plutôt pas grand chose de ce côté là… Non, le danger vient d’ailleurs… de la fameuse notification « Quelqu’un que vous connaissez a aimé ce tweet. » Et c’est de là, à mon avis que vient tout le mal de Twitter en ce moment.

Car, ces notifications, la plupart du temps sortent de votre registre d’intérêt.

Au début, il s’agit de tweets amusants, rigolos, de mêmes, de blagues… qu’il suffit de liker pour voir réapparaître comme par magie d’autres tweets du même accabit, pour en avoir, au final, de plus en plus dans sa timeline…

Puis, progressivement, insidieusement dirais-je, apparaissent des tweets d’une autre nature… les tweets politiques…. sur lesquels, si vous voulez mon avis, il ne faut jamais cliquer, ni sur le like, ni sur le retweet… ni rien… !

Bien sûr, il est toujours tentant de réagir… et, de fait, il est toujours très difficile de ne pas réagir, car, comme par hasard, ces tweet ont toujours quelque chose de choquant, de segmentant, comme on dirait en marketing, et sont presque destinés, dirait-on à nous faire réagir, à nous énerver, à nous scandaliser ou à réveiller en nous les pires sentiments…

La plupart du temps… j’évite ces tweets comme la peste… et me contente de les laisser passer comme des oiseaux de mauvais augure dans le ciel. Ne rien dire, ne rien faire, surtout…

Sauf que… sauf que parfois, je me sens en phase… ou bien j’approuve… et je me dis qu’un petit like, un discret like, ça ne sera pas un grand mal, pas grand chose… je me dis que ça me permet de montrer mon approbation à quelque chose que j’apprécie, une opinion, la plupart du temps, qui me semble aller dans le sens de ce que je pense, et qui sera un soutien encourageant à son auteur…

Comme aiment à dire les journalistes, c’est là qu’on ouvre la boîte de pandore…

Et que va commencer à se déchaîner l’infernale machine algorithmique de Twitter… Plus vous likerez certains contenus, plus vous aurez des contenus en rapport avec ce premier contenu.

Et comme par hasard, les contenus que vous avez liké feront aussi apparaître des contenus avec lesquels vous êtes en totale opposition. Et vous feront aussi réagir, mais dans un autre sens… dans celui qui vous donnera envie de rétablir la situation… ce qu’il ne faut surtout pas faire… car, il y a quelque chose de pire encore sur Twitter…

Ce sont… les commentaires… N’allez jamais voir les commentaires à un tweet politique exacerbé. Si vous voulez savoir à quoi ça ressemble… eh bien, c’est exactement comme quand vous retournez une grosse pierre dans la terre… ça grouille de choses infectes et innommables…de vers de terre, de scolopendres et de tout un tas d’autres insectes abjects qui vous font frissonner. Une horreur ! Je suis sûr que vous avez déjà eu tous ce genre de dégoût…

Bien sûr, rien ne nous oblige à aller sur Twitter… Rien ne nous oblige à soulever la pierre des commentaires…

Ils sont la lie de l’humanité… des cohortes d’insultes, des torrents de haine, d’invectives, d’amabilités en tout genre… une espèce de combat de coqs multiplié à l’infini, à fleurets non mouchetés ou celui qui fera le plus mal à l’autre pourra triompher, le temps de se faire insulter, hurler dessus à son tour.

Sur Twitter, il n’y a jamais de vainqueur aux joutes verbales….

Et le problème est que quoiqu’il arrive, on finit toujours par tomber sur cette ambiance de haine… Un peu comme quand, à une époque lointaine sur Google, on atterrissait toujours un peu par hasard sur des sites pornographiques, et même des fois bien pire que cela (je parle vraiment des débuts de Google, quand la petite startup filtrait encore mal les contenus nocifs du web).

On finit par y tomber, et elle finit par envahir votre timeline comme un champignon vénéneux qui envahirait peu à peu les murs et les plafonds de votre maison. Rien de très agréable, donc.

J’aime toujours Twitter aujourd’hui, et je le consulte encore assez souvent… mais peu à peu, j’ai l’impression que l’envie de VRAIMENT quitter Twitter commence à son tour à m’envahir… car plus j’y fraye, plus je constate l’inanité de son principe… de ses contenus… qui ne sont, la plupart du temps que des retweets d’articles, des collections sans fin de thread, certes assez divertissants, mais qui, 90% du temps n’ont rien à voir avec mes centres d’intérêt… et finissent, en tout cas, toujours par me divertir de mes activités principales…

Twitter, c’est la mort de la concentration.

Alors, je sais bien que Twitter n’est peut-être pas le pire… Facebook charrie aussi son lot d’immondice, de débats stériles, de théories complotistes, etc… mais, malgré tout, j’ai de l’affect pour Twitter et c’est le réseau que je connais le mieux…donc, je celui que j’affectionne le plus de critiquer.

Petit à petit, je sens monter en lui un ennemi pour moi… un nourrisseur de mes angoisses… un moteur à anxiété… qui ne fait plus vraiment le job que j’attendais de lui : découvrir, discuter, partager, avoir des échanges intelligents… mais en 512 caractères… c’est peut-être une illusion.

Et je me dis que… même professionnellement, je pourrais bien arriver à m’en passer.

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