Le ecommerce, c’est facile ? (euh… non… pas tant que ça, en fait)

En ce temps de crise, comme on n’arrête pas de dire, croire que le ecommerce sauvera les commerçants de quartier parait un peu optimiste, si pas un peu abusif également 😁

Le ecommerce en France représente à peu près 10% du commerce et, assez incroyablement, c’est à peu près la même proportion que l’on retrouve dans la part de CA online chez certains commerçants (je cite, pas tout à fait, au hasard, le Furet du Nord que j’affectionne tout particulièrement).

On peut comprendre que, dans la panique, chacun veuille aider les commerçants, mais, désolé de le dire, ce n’est pas en leur offrant de quoi se payer un site de ecommerce que ceux-ci vont sauver leur CA de Noël, la période la plus importante pour la plupart d’entre eux.

Qu’on soit d’accord ou pas avec les décisions du gouvernement de fermer les commerces de proximité en raison de la pandémie n’y change rien. Vendre en ligne ne peut être qu’un bien maigre supplétif à leur situation.

Et pour pas mal de raison que les gens qui font du ecommerce depuis longtemps connaissent bien :

  1. Même si monter un ecommerce ou s’acheter une place sur une marketplace est à la portée du premier venu, ça n’est pas pour autant que les ventes vont pleuvoir.
    1. Premier problème : Tout va bien si vous êtes monoproduit ou que vous n’avez que quelques références. Mais savez-vous combien cela prend de temps de mettre en ligne 17,000 produits (comme s’exclamait une commerçante lyonnaise récemment) ?
      Et les photos produits ?
      Et les descriptifs ?
      Et la connexion à l’ERP ?
  2. Mais… mettons ce « léger » problème surmonté, que se passera-t-il une fois que la boutique du commerçant sera en ligne ? Aura-t-il d’un seul coup des centaines de visiteurs ?
    Que nenni, mon bon monsieur, car… comme le rappelait fort justement Frank Rosenthal, consultant bien connu du monde de la distribution, avoir un site ou une place sur une marketplace, c’est avoir le pas de porte, mais pas le trafic…
    Faire venir du monde sur un site n’est pas une mince affaire, et ce ne sont pas les consultants en SEO, SEA, retargeting, affiliation, emailing, réseaux sociaux qui me contrediront.
    Il ne suffit pas de dire « Venez chez moi ! » pour que les clients d’un commerçant viennent chez lui, car si l’élan de solidarité actuel est sincère et si beaucoup de nos concitoyens font l’effort d’acheter chez leurs commerçants de quartier, non seulement ne suffira pas à remplacer leur chiffre d’affaire, mais, la réalité est que, derrière les bonnes attentions, se retrouvent les mauvaises intentions. Sur Internet, on a tôt fait d’aller chez les meilleurs, les plus aguerris, ceux qui offrent les meilleurs services, le meilleur prix, leur meilleur SAV…. Non, non, pas seulement Amazon (seulement 2% du commerce en France, un peu plus de 20% du ecommerce), mais aussi FNAC, Cdiscount, Cultura, Leroy-Merlin, etc… bref, toutes les grosses enseignes qui sont déjà sur le Web depuis des années et savent très bien attirer et convertir le chaland.

Alors oui, mon article est un poil désespérant… mais, ne vendons pas du rêve : le ecommerce facile, ça n’a jamais existé et ça n’existe toujours pas (même si certains le proclament).

Faire croire qu’on aidera les commerçants en leur « offrant » un site ecommerce, c’est « un peu » leur mentir, car « se digitaliser », « vendre en ligne », c’est tout de même assez compliqué, et même si c’est possible et que parfois, ça peut devenir très enrichissant, ça n’arrivera à personne d’arriver du jour au lendemain de s’enrichir rapidement (ou simplement de compenser son `CA) en ligne.

Désolé de vous casser le moral 😁

2 commentaires sur “Le ecommerce, c’est facile ? (euh… non… pas tant que ça, en fait)

  1. Je suis tout à fait d’accord avec vous, si aucune expérience dans le domaine, si aucun budget dit « sérieux » en communication, SEO, Ads … et si les tarifs restent avec le même coefficient de marge c’est impossible de réussir, c’est du temps et des finances qui risque de s’évaporer.

    J’aime

Laisser un commentaire